La philosophie bouddhique présente la maladie comme l’une des quatre souffrances fondamentales – naissance, maladie, vieillesse et mort – inhérentes à l’existence de tous les êtres, inhérentes à la vie elle-même. Dès son premier sermon, le Bouddha expose ces vérités et propose comme voie vers un bonheur indestructible la cessation de la souffrance à travers l’enseignement des quatre nobles vérités (1). Sa doctrine, ou sa méthode, s’applique donc à notre vie dans ce monde, et pas dans un hypothétique au-delà. Elle a pour corollaire que, malgré les apparences, les racines de notre malheur résident en nous-mêmes, elles ne proviennent pas de quelque chose ni quelqu’un d’autre.
Il existe un rapport de causalité entre les quatre souffrances. La naissance, en nous amenant à la vie, nous contraint à subir les trois autres souffrances ; sous ses multiples formes, la maladie participe à notre vieillesse et notre mort ; enfin, la vieillesse nous mène à la mort. Nous pourrions ajouter que la mort amène à la prochaine naissance.
La maladie sous toutes ses formes représente le vecteur principal de la souffrance, il est logique de la trouver au centre des préoccupations du bouddhisme. De nombreux sûtras (2) mettent en valeur le rôle du médecin. Ils présentent celui-ci sous l’apparence d’un bodhisattva ou d’une personne ordinaire, d’un être historique ou d’un personnage mythique (3). Le Bouddha lui-même est présenté fréquemment par la tradition comme un médecin et nombreux sont les maîtres bouddhistes, tels Nagarjuna, Zhiyi ou Nichiren qui traitent de la maladie (4).

À l’époque médiévale, en Chine et au Japon, médecine et religions (confucianisme, taoïsme et bouddhisme) sont intimement liées. La première s’inspire depuis des siècles de points de vues répandus par les secondes – en particulier le bouddhisme – harmonie du corps et de l’esprit, interrelation entre l’être et son environnement, énergie vitale, tempérance de la voie du milieu, l’idée qu’il n’existe pas d’effet sans cause, etc. Au Japon, ce sont les moines qui importent les pratiques médicales continentales, les transmettent et les diffusent (5). Ils sont nombreux jusqu’au XVIIe siècle, à mener conjointement des activités spirituelles et médicales, associant dans leurs traitements l’acupuncture, l’herboristerie aussi bien que les cérémonies purificatrices et les pratiques religieuses, par exemple la récitation du Sûtra du Maître de la médecine (Yakushikyo) ou du Sûtra de Kannon (Kannon gyo) traditionnellement dédiée à la guérison.
Les moines japonais n’étaient pas les seuls à faire de la médecine une activité secondaire. Parmi les disciples destinataires des lettres de Nichiren, nous trouvons un samouraï qui semble avoir eu de sérieuses notions médicales, Shinjo Kingo. Nichiren lui écrit dans Le général Tigre-de-Pierre – EdN 128 : « Ma maladie s’est également aggravée, mais vous m’avez donné divers médicaments et un vêtement matelassé. Grâce à vos remèdes, mon état s’est régulièrement amélioré ; j’ai recouvré la santé et je me sens bien mieux qu’auparavant. »
Si Nichiren n’était pas lui-même médecin, nous trouvons mention dans deux de ses lettres à Shijo Kingo et sa femme Nichigen-nyo de l’envoi, pour leur bébé, d’un « agent protecteur » (6) qui tient autant du remède que du talisman. Dans Le traitement de la maladie – EdN 166, il nous apprend qu’à son époque étaient répertoriées « …cent un troubles de l’élément terre, cent un déséquilibres de l’élément eau, cent une perturbations de l’élément feu et cent une disharmonies de l’élément vent, soit au total quatre cent quatre maladies physiques. » et que, parmi les maladies de l’esprit, « …il en existe quatre-vingt-quatre mille sortes ».
Une compilation due à Zhiyi
S’il se réfère ici à la médecine traditionnelle de son temps, le plus souvent, il reprend à son compte ce qu’a écrit Zhiyi sur le sujet (7) : « Il existe six causes de maladie : la disharmonie entre les quatre éléments ; la consommation inappropriée de nourriture ou de boisson ; la pratique de la méditation assise inappropriée ; l’attaque des esprits maléfiques ; l’œuvre des démons (8) ; les effets du karma ». Comme nous le constatons, Zhiyi ne cherche pas à définir de symptômes ni une étiologie directe. Sa liste relève plutôt d’une recherche des causes des maladies directes ou indirectes. En fait, elle s’accorde avec ce que l’on savait – ou que l’on ignorait – à son époque des sciences sur lesquelles s’appuie la médecine moderne.
Voyons comment les six causes de maladie sont réinterprétées de nos jours par la plupart des écoles bouddhiques ou des mouvements religieux qui se réclament du bouddhisme. Les unes comme les autres en donnent des commentaires assez proches.
Le désordre des quatre éléments
– le solide : muscles, organes, os, peau
– le liquide : sang, lymphe, salive, sucs digestifs, hormones, en autres
– l’air et le gazeux : la respiration, les gaz internes ou externes
– la chaleur et l’énergie : température, mais également l’énergie produite par les activités physiques et chimiques du corps et ses organes, y compris l’électromagnétisme pour le cerveau et le système nerveux.
Chacun des quatre éléments correspond à certains types de maladie. Par exemple, la terre est liée à des maladies osseuses, vasculaires, musculaires, graisseuses ; l’eau, à des problèmes digestifs, sanguins ; le feu à la fièvre, l’inflammation, l’hypothermie ; le vent est liée à des difficultés respiratoires et des vomissements. Dans le Sûtra de la Lumière dorée chap. XVI, La guérison des maladies, un jeune homme demande à son père, médecin, comment guérir les maladies qui surviennent d’un déséquilibre des éléments. Celui-ci lui répond : « Un bon médecin a appris à prescrire les bons aliments et les médicaments pour réguler les quatre éléments et nourrir le patient en fonction de la saison. Lorsque saison et nourriture sont en équilibre, l’organisme est aussi dans l’équilibre. »
La consommation immodérée de nourriture et de boisson est une conséquence de l’un des trois poisons (9), le désir brûlant ou fièvre de la convoitise insatiable, qui se rapporte à de nombreux domaines de l’existence, mais qui désigne ici une envie sensuelle non sexuelle. Ce sont les troubles liés à un manque de discernement dans l’alimentation quotidienne, en quantité comme en qualité, ce qui englobe la malnutrition, la sur-nutrition, les déséquilibres alimentaires, les intoxications, etc. (10). Citons pour exemple certaines formes du diabète, le scorbut, les affections rénales, vasculaires, hépatiques, etc. qui dépendent ou sont favorisées par une mauvaise hygiène alimentaire.
Favorisé, cela sous-entend que la cause n’est pas toujours directe. Nous pouvons constater au quotidien que les êtres humains ne sont pas tous « faits du même moule ». Tous les gros mangeurs ne souffrent pas de la goutte ou du cholestérol et les gros fumeurs n’ont pas tous non plus une bronchite chronique. Il existe des prédispositions plus ou moins nettes qui se rattachent alors aux causes de maladies suivantes. À l’inverse, la plupart de ces maladies seront évitées par les personnes, prédisposées ou pas, si elles adoptent un régime équilibré et sain. Et nous rejoignons là le principe de modération propre au bouddhisme que nous appelons « la voie du milieu ».
La pratique de la méditation assise inappropriée. Ce sont les termes employés par Zhiyi pour désigner une mauvaise posture corporelle pendant la méditation entraînant souffrances et inefficacité. Dans son acception moderne, cette cause peut être définie ainsi : paresse de l’esprit provoquée par un rythme de vie irrégulier, de mauvaise attitudes (sédentarité, manque de sommeil, excès de travail) ou encore manque d’attention pouvant entraîner des accidents et des blessures.
L’attaque des esprits maléfiques. Les causes de maladie désignées ainsi sont autant d’ordre somatique que psychologique. Le premier cas concerne les maladies infectieuses et parasitaires. Les esprits maléfiques étaient perçus comme invisibles jusqu’au début du XIXe siècle, quand des savants européens, dont Pasteur, ont découvert qu’il s’agissait de micro-organismes bien réels – virus, bactéries, champignons et parasites – plus efficacement combattus par des traitements médicaux appropriés que par la magie, même si des progrès restent encore à faire dans le domaine scientifique et que l’état d’esprit du patient a son influence sur l’évolution de la plupart des maladies infectieuses ou non.
En parallèle, les esprits maléfiques représentent les influences extérieures de tous ordres (religieuses, culturelles, politiques, sociales, etc.) que nous subissons et qui nous conduisent à adopter des opinions néfastes pour nous-mêmes et pour les autres. Là encore, il y a interpénétration entre les causes de maladie. Les mauvais usages alimentaires, par exemple, ou les comportements à risques, sont souvent induits par la publicité, les modes, les modèles de la culture populaire. Ils participent donc à la fois des deuxième et quatrième causes.
L’œuvre des démons. Selon le bouddhisme, dans le cas particulier des pratiquants, ce type de maladies détruit l’observation de l’esprit, la sagesse, et réduit à néant les résultats obtenus par la pratique. Celui qui avait la foi commence à douter, puis finit par rejeter sa croyance. Il n’éprouve plus le désir de suivre la Voie.
Plus généralement, les démons désignent des forces intérieures (alors que dans la cause de maladies précédente, les esprits maléfiques proviennent de notre environnement). Ils incarnent les maladies mentales et les souffrances de l’esprit à des degrés divers : troubles de l’intelligence, de l’affectivité, du comportement, du caractère, de l’humeur, etc. Ainsi, Nichiren classe-t-il également les trois poisons dans les maladies de l’esprit : « Les maladies des êtres humains peuvent être divisées en deux catégories générales. La première est celle des maladies du corps… La seconde catégorie est celle des maladies de l’esprit. Ce sont les trois poisons et quatre-vingt-quatre mille maladies. » Sur la guérison des maladies karmiques – EdN 76.
En ce qui concerne le corps nous pouvons prendre pour exemple les maladies auto-immunes – diabète type 1, sclérose en plaques, allergies, arthrose, etc. – un type de maladies dans lequel les défenses d’un organisme se retournent contre lui. Au lieu de le protéger, son système immunitaire s’attaque à ses constituants.
Les effets du karma. Ces maladies sont dues à des causes créées dans la vie présente et les existences passées. Des causes graves, puisque, selon la logique bouddhique, les fautes les plus lourdes engendrent les rétributions à la fois les plus cruelles et les plus lointaines, au-delà d’une ou plusieurs vies successives (voir Réflexions sur le karma). Nous ne savons rien de précis sur elles, sinon que les pires sont dues à l’opposition au Sûtra du Lotus ou encore au Dharma. Conséquemment, elles sont difficiles, voire quasiment impossibles, à guérir autrement que par la pratique du bouddhisme, puisque celle-ci est le moyen le plus efficace de transformer son karma. Selon les écoles, ce sera par la méditation, la récitation de sûtras ou de Nam myoho renge kyo (11). Pour autant, les plus sérieuses de ces écoles ne prétendent pas rendre inutile le recours à la médecine (12). De son côté, la médecine a reconnu depuis longtemps les effets en bien ou en mal du psychisme sur l’évolution de la maladie, comme nous l’avons dit plus haut. S’il est difficile de concevoir que l’énergie vitale, la sérénité, la sagesse dans les décisions que nous procure la pratique du bouddhisme puissent être responsables à elles-seules d’une guérison, nous pouvons admettre qu’elles y participent pour beaucoup.
Gardons à l’esprit que la plupart des listes (dix états, neuf consciences, huit souffrances, etc.) qui forment « l’ossature » de la philosophie bouddhique ne doivent pas être prises dans un sens strict, exhaustif. Les catégories ou les termes qu’elles énumèrent ne sont pas isolés les unes des autres, ils peuvent parfois être liés. Dans le troisième volume de la Relation sur le Dharma envoyée depuis les mers du Sud (13), par exemple, il est dit que « Si les maladies sont liées aux quatre éléments, elles sont généralement causées par la suralimentation ou le surmenage ».
Nous l’avons dit, les six causes de maladies ne doivent pas être considérées comme un traitée d’étiologie au sens stricte. Elles ne définissent pas directement des maladies, mais bien des causes de maladies qui peuvent s’ajouter les unes aux autres. Nous pouvons prendre pour exemples les cancers ou leucémies qui ont une origine génétique, sans être pour autant purement héréditaires. Dans le cas de ces maladies, c’est un processus naturel, celui de la duplication des cellules, la mitose (14) qui est en cause. Un être vivant est constitué de cellules qui ont une durée de vie variable mais toujours beaucoup plus courte que lui-même. Pour que l’ensemble que représente cet être vivant puisse survivre à la mort successives des cellules qui le composent, celles-ci doivent se dupliquer ; c’est ce que l’on appelle la division cellulaire. Idéalement, lors de ce processus, l’ADN devrait se scinder, se reproduire « à l’identique » en deux cellules neuves. Ce n’est pas toujours le cas. Il se produit assez fréquemment des altérations génétiques. Certaines, légères, semblent sans conséquence si elles ne sont pas trop fréquentes, d’autres par contre peuvent se répéter jusqu’à provoquer des cancers et des leucémies. Qu’est-ce qui fait que des petites erreurs génétiques sont stoppées par les défenses naturelles, alors que d’autres réussissent à s’imposer, se répandre par métastases et accomplir leur œuvre destructrice ? Nous trouvons réunies là plusieurs causes de maladies soit dans un rapport de cause à effet direct, soit comme facteur favorisant ou aggravant. Nous savons depuis longtemps que de nombreux cancers sont favorisés par des désordres dans les habitudes alimentaires, l’hygiène de vie, l’environnement, les excès en tous genres, ce qui nous ramène aux trois premières causes de maladie. Pour l’attaque des esprits maléfiques, nous pouvons prendre l’exemple de virus, bactéries et parasites (papillomavirus, VHB, VHC, helicobacter, vers parasites du foie, de la vessie et de l’estomac) responsables de mutations cellulaires génétiques. L’œuvre des démons, l’attaque venue de l’intérieur, de l’organisme lui-même, ressemble beaucoup au processus de la cancérisation, quand les cellules s’émancipent et détruisent leur hôte. Enfin, les mutations génétiques héréditaires, appelées cancers héréditaires (15), puisqu’elles sont innées ne correspondent-elles pas aux maladies karmiques ?
Connaître les six causes des maladies est inutile si ce savoir n’est pas utilisé pour guérir. Quelles sont les propositions du bouddhisme à ce sujet ? Elles sont de deux ordres : la voie du milieu (16) ou voie médiane (skt madhyama-pratipad) et la transformation du karma.
La première est d’une logique accessible à tous : mener une vie saine et ne pas exposer notre santé par une conduite déraisonnable, si cela ne prévient pas toutes les pathologies, permet d’en éviter beaucoup. Être entouré de personnes qui mènent elles-mêmes une vie saine et résident dans un lieu qu’elles ont rendu sain par leur façon de vivre nous sera encore plus favorable. Imaginons maintenant que ce lieu s’étende à toute la Terre… Ce qui paraît une utopie est une mise en pratique de la voie du milieu qui est au cœur de la philosophie bouddhique. Pourquoi cette vision d’un monde équilibré paraît-elle illusoire ? Après tout, nous pourrions tous concevoir que parvenir à une tel résultat mériterait amplement de s’astreindre à une certaine auto-discipline et à la recherche constante de l’harmonie entre soi et l’environnement humain et non-humain. Parce que nous sommes tous conscients, mais nous ne le reconnaissons pas volontiers, que l’homme a une vision morbide de l’existence. Il regarde celle-ci à travers le filtre des trois poisons : l’attachement, l’ignorance, la haine. En conséquence, il se comporte conformément à ce qu’il croit percevoir. Le bouddhisme propose donc de purifier notre regard pour découvrir le réel aspect de la vie et de nous y comporter dans l’harmonie de la voie du milieu.
La seconde proposition du bouddhisme est plus difficile à concevoir, elle demande d’avoir la foi, d’accorder sa confiance en l’enseignement du Bouddha. C’est la guérison ou l’amélioration de la santé par la pratique du bouddhisme, par la transformation du karma. Le bouddhisme considère que le corps et l’esprit ne sont séparables qu’en apparence. Dans leur aspect réels ils sont en fait deux aspects d’une même chose, en l’occurrence un être vivant. De même l’être vivant et son environnement sont aussi deux aspects d’un même phénomène (17). De ce point de vue, la maladie comme la guérison peuvent venir de notre esprit autant que de notre corps, de nous-mêmes comme de notre environnement.
Dans son écrit Sur la guérison des maladies karmiques, Nichiren cite une nouvelle fois Zhiyi : « Même si l’on a commis des fautes graves (…), la rétribution peut être allégée dans cette vie. Et quand la maladie survient, c’est que le mauvais karma est sur le point d’être dissipé. » Cela nous permet de comprendre que la maladie n’est la cause de la souffrance qu’en apparence. En réalité, la maladie – en particulier celle que l’on dit « karmique » – est la concrétisation présente de fautes commises dans cette vie ou/et les précédentes, elle est une rétribution négative, au même titre que les quatre souffrances fondamentales (1). La surmonter sur la base de la pratique du bouddhisme ne nous offre pas seulement la guérison, cela nous permet de progresser sur la voie du Dharma en allégeant notre karma et développant notre sagesse. Ce que le Bouddha, dans le Sûtra sur la contemplation du Sage-universel (18), déclare ainsi :
« Tout l’océan des obstacles karmiques
est né de pensées perturbées.
Si quelqu’un souhaite se repentir,
Qu’il s’assied droit et médite sur le véritable aspect de la vie.
Alors, la multitude de ses fautes, comme le givre ou la rosée,
sera anéanti par le soleil de la sagesse. »
Notes :
1 – Voir article sur Les quatre nobles vérités.
2 – Le plus célèbre des médecins historiques fut Jivaka Komarabhacca, médecin de Shakyamuni, du roi du Magadha, Bimbisara, et son fils Ajatashatru. En ce qui concerne les médecins « non-historiques », nous pouvons citer ceux qui apparaissent dans le Sûtra du Lotus : les bodhisattvas Roi-de-la-Médecine, Médecine-Supérieur et celui de la parabole de l’excellent médecin et ses enfants malades (chap. XVI). Dans ce chapitre le Dharma est présenté comme un remède : « Voilà un remède extrêmement efficace de couleur, de saveur et odeur excellentes. Prenez-le, votre douleur sera aussitôt soulagée et vous serez délivrés de toute maladie ». Dans le Soûtra de Vimalakirti, il est également fait mention du bouddha Roi-des-Médecins.
3 – Citons entre autres les sûtras Sur le bouddha médecin (Fo Shuo Fo Yi Jing), Sur le soulagement de l’épidémie par un mantra (Fo Shuo Zhou Shi Qi Bing) et Sur la guérison mentale et la maladie physique résultant de mauvaise méditation (Zhi Miyao Chanbing Jing).
4 – Par exemple, la Grande concentration et intuition de Zhiyi, ainsi que les Écrits de Nichiren suivants : Sur la guérison des maladies karmiques – EdN 76, Le bon remède pour tous les maux – EdN 124, Le traitement de la maladie – EdN 166.
5 – Il s’agit bien-sûr de ce que l’on appelle la médecine traditionnelle chinoise.
6 – La naissance de Tsukimaro – EdN 20 et L’accouchement facile d’un enfant de bonne fortune – EdN 19 : « J’ai été informé de l’état de votre grossesse. En réponse à votre demande, j’ai préparé l’agent protecteur, que j’ai choisi en fonction d’un savoir qui m’a été transmis… » Dans sa note explicative, l’éditeur des Écrits de Nichiren définit cet « agent » comme une pratique habituelle parmi les écoles bouddhiques du Japon féodal. Il ajoute qu’il pouvait prendre de multiples formes : dessins, calligraphies de paroles de bouddhas, bodhisattvas ou divinités inscrites sur du papier ou du bois, à porter, placer dans la maison, voire à avaler pour les petits objets, ou encore poudre d’herbes à boire, etc. Nous remarquons que Nichiren fait ici l’état d’un savoir qui lui a été transmis, de toute évidence au cours de ses études monastiques.
7 – Grande concentration et intuition, chapitre IX, Traitement des désordres. Zhiyi y rassemble des causes de maladies déjà évoquées séparément dans les sûtras.
8 – Remettons les choses dans leur contexte historique : les esprits maléfiques et les démons sont une représentation imagée des atteintes à la vie que ni la technologie ni les sciences des époques passées ne permettaient de voir : les bactéries et virus pathogènes, les dysfonctionnements des organes, les dégénérescences d’ordre génétique, les attaques du système immunitaire, les maladies mentales, etc. D’une manière générale, dans les temps anciens, tous les phénomènes d’ordre médical, climatique, astronomique, géologique, etc., dont les causes ne pouvaient être identifiées faute des moyens d’investigations nécessaires, étaient représentés par un panthéon d’êtres supra-humains ou des forces surnaturelles. Ils étaient nommés sans être réellement définis, ce qui permettait de les mémoriser, les prendre en compte, pour éventuellement en tenir compte, les évaluer ou les traiter en faisant appel à l’observation et à la transmission du savoir à travers les générations.
9 – Le désir, l’avidité, la convoitise ou encore la soif insatiable. Ils ont également en sanskrit de nombreux synonymes : trsna, raga, lobha, etc. Les trois poisons (skt trivisa, jap. sandoku) comportent en outre la stupidité/ignorance, l’attachement/désir, la colère/haine. Ces trois racines karmiques du mal nous conduisent à la souffrance, mais c’est l’ignorance (skt avidya) qui est l’élément primordial (voir L’origine interdépendante).
10 – Dans le Soûtra de Vimalakirti, le bodhisattva éponyme de ce texte déclare : « Mon mal vient de l’ignorance et de la soif ».
11 – Voici ce que dit le Bouddha à propos du Sûtra du Lotus : « C’est que ce livre est un remède efficace pour les maladies des hommes du continent Jambudvipa. Si quelqu’un est malade et qu’il puisse entendre ce texte, sa maladie se trouvera dissipée. » Sûtra du Lotus chap. XXIII traduction Jean-Noël Robert.
12 – N’oublions pas ce que Nichiren dit lui-même dans Le général Tigre-de-Pierre cité plus haut. Il a accepté et pris les médicaments envoyés par son disciple Shijo Kingo et a été guéri.
13 – Nanhai Jigui Neifa Zhuan rédigé par le moine chinois Yijing (635-712).
14 – La mitose est la division d’une cellule mère en deux cellules filles strictement identiques génétiquement. Au cours du processus de réplication du matériel génétique, il peut se produire une anomalie, autrement dit la mutation d’un gêne. La plupart du temps la cellule touchée se détruit elle-même ou est détruite, mais si les mutations se répètent trop souvent, l’organisme finit par être débordé par la prolifération et la migration (métastases) des cellules mutantes qui sont par ailleurs plus résistantes que les cellules saines. C’est ainsi que l’on peut schématiquement décrire la majorité des cancers.
15 – À proprement parler, il n’existe pas de cancers héréditaires, dans le sens où, descendant de parents ayant eu un cancer particulier nous serions condamnés à avoir le même qu’eux un jour. Nous dirons plutôt que nous pouvons avoir des prédispositions génétiques d’origine héréditaire pour certains types de cancers tels ceux du sein, des ovaires, de l’intestin ou à des mélanomes.
16 – Voir articles sur La triple vérité.
17 – Voir article Les dix non-dualités (shikishin funi : le corps et l’esprit sont deux, mais pas deux et esho funi sujet et environnement inséparable)
18 – Ce texte est considéré par de nombreuses écoles bouddhiques comme l’épilogue du Sûtra du Lotus, le Sûtra des sens innombrables en étant le prologue.