La composition du Gohonzon

Voici ce qui est inscrit en détail sur le Gohonzon dans deux versions reconnues par la Soka Gakkai, la première étant commune avec la Nichiren Shoshu, ainsi que l’actuelle de la Nichiren Shu

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La version du Gohonzon adoptée par la Soka Gakkai à la fin du siècle dernier, d’après un modèle calligraphié par Nichikan Shonin (1665-1726).

Le Gohonzon est un mandala (1) qui représente l’essence des enseignements de Shakyamuni (2), essence qui réside dans le Sûtra du Lotus, dont le titre est, en japonais, Myoho Renge Kyo. Le maître bouddhiste du XIIIe siècle, Nichiren, l’a représentée sous la forme graphique et matérielle du Gohonzon pour nous permettre d’y accéder et d’exprimer la nature du bouddha qui « sommeille » en chacun de nous. Ce mandala n’est donc pas la représentation d’un pouvoir extérieur à l’homme ordinaire ou extérieur à sa nature, il est le miroir de ce qu’il y a de fondamental en lui.
Gohonzon est un terme japonais qui peut être traduit littéralement par « objet de dévotion suprême ». Honzon désigne tous les objets de culte quels qu’ils soient, statues, dessins, calligraphies, etc., et Go est un superlatif, un terme honorifique. Les adeptes du bouddhisme de Nichiren possèdent, chez eux, un autel qu’ils consacrent à ce mandala et devant lequel ils placent des objets et des offrandes selon la tradition bouddhiste (voir article sur le sujet). Leur pratique quotidienne consiste en la récitation, face à ce mandala, du mantra Nam Myoho Renge Kyo et de deux extraits du Sûtra du Lotus, à laquelle certaines écoles ajoutent des séances de méditation.
Nam Myoho Renge Kyo est inscrit au centre du mandala en gros caractères, flanqué en plus petit des noms de personnages présents dans le Sûtra du Lotus, ainsi que ceux de divinités et de personnages historiques majeurs du bouddhisme qui n’y étaient pas ; s’ajoute à cela quelques inscriptions que nous verrons plus loin. L’ensemble représente les diverses tendances, ou états, et les énergies positives et négatives de l’univers. Lorsqu’elles sont harmonisées par la loi de Nam Myoho Renge Kyo, tendances et énergies vitales deviennent créatrices de valeur, de bonheur, de compréhension et de vitalité.
Les noms des personnages sont disposés de manière à représenter la scène du Sûtra du Lotus connue sous le nom « Cérémonie dans les Airs » au cours de laquelle Shakyamuni révéla l’essence du Sûtra et confia à ses disciples, les Bodhisattvas de la Terre, la mission de protéger et diffuser cet enseignement pour conduire hommes et femmes vers le bonheur. Cette représentation est figurée en trois dimensions. Shakyamuni et Maints-Trésors sont tournés vers nous, tandis que toutes les autres participant leur font face (Shakyamuni est à gauche et donc à la droite de Nam Myoho Renge Kyo, par préséance, tandis que l’ordre protocolaire est inversé pour les autres). Nichiren est inscrit en gros et en bas, comme s’il se plaçait avec les personnes qui pratiquent devant le Gohonzon. Ainsi disposé, son nom représente à la fois le passé de la cérémonie du Lotus et le présent de la pratique quotidienne.
Sur le mandala, figurent, entre autres, les dix états de la vie (voir article) et l’inclusion de chacun de ces états dans les autres. C’est cette inclusion mutuelle qui explique pourquoi la bouddhéité, (l’état de vie ou la nature du bouddha) est toujours présente en nous, qu’elle soit latente ou activée par la pratique. Elle est symbolisée ainsi : l’état de bouddha est représenté par les personnages de la rangée supérieure, les neuf autres états se retrouvent en-dessous et la phrase Nam Myoho Renge Kyo les relie tous en les traversant.
Nichiren est souvent désigné comme le « créateur » du Gohonzon – ainsi que du mantra Nam Myoho Renge Kyo. Pourtant, pour l’un et l’autre, il ne se présente pas en « inventeur ». Dans plusieurs de ses écrits, il se déclare le premier à les avoir publiquement révélés : « Tiantai, Miaole et Dengyo le perçurent dans leur cœur mais, pour une raison qu’on ignore, ils ne l’exprimèrent jamais sous forme verbale, de même que Yan Yuan s’éveilla au véritable sens de l’enseignement de Confucius mais ne l’exprima jamais. Cependant, il est établi explicitement dans le Sûtra [du Lotus] et dans les commentaires de Zhiyi et de Zhanran que le Gohonzon apparaîtra deux mille ans après la disparition du Bouddha, dans les cinq cents premières années de l’époque de la Fin de la Loi.
Il est merveilleux que, un peu plus de deux cents ans après l’entrée dans l’époque de la Fin de la Loi, j’ai été le premier à révéler ce grand mandala, bannière de la propagation du Sûtra du Lotus, alors que des personnes comme Nagarjuna et Vasubandhu, Zhiyi et Zhanran n’ont pu le faire.
Ce mandala n’est en aucun cas mon invention. C’est l’objet de vénération qui dépeint le bouddha Shakyamuni, Honoré du monde, assis dans la Tour aux trésors du bouddha Maints-Trésors, et les bouddhas qui constituaient des émanations de Shakyamuni, aussi parfaitement qu’une estampe reproduit le motif gravé sur la planche. Les cinq caractères du titre du Sûtra du Lotus figurent au centre, alors que les quatre rois célestes sont assis aux quatre coins de la Tour aux trésors. Shakyamuni, Maints-Trésors et les quatre guides des bodhisattvas sortis de la terre sont en haut, côte à côte. Au-dessous d’eux, sont assis les bodhisattvas, notamment Sagesse-Universelle et Manjusri, et les auditeurs, notamment Shariputra et Maudgalyayana… » La composition du Gohonzon – EdN 101.
Nous pourrions douter de la parole de Nichiren quand il se prétend le continuateur du Bouddha pour la période des derniers jours de la Loi, alors qu’il présente un objet de culte et une pratique qui rompent avec la tradition. Mais d’autres sources antérieures semblent lui donner raison, comme nous l’avons évoqué en note 6 de l’article sur Nam myoho renge kyo.

Le premier Gohonzon connu, inscrit par Nichiren, est daté du 9e jour du 10e mois de l’an 1271, soit un mois après qu’il a pu échapper à son exécution, au lieu dit Tatsunokuchi. Il en a calligraphié différentes versions avec plus ou moins de noms de personnages. En fait, parmi les 125 mandalas provenant de sa main que l’on recense, il n’en existe pas deux dont les contenus soient identiques. On peut penser que, en dehors de Nam Myoho Renge Kyo Nichiren, tout lui paraissait « facultatif » y compris les noms des bouddhas, des bodhisattvas de la rangée supérieure, de Fudo et d’Aizen (3). Il ne semble pas avoir laissé de règles précises à ce sujet à l’intention des moines qui devaient se charger d’inscrire à leur tour des Gohonzons après sa mort, Grands Patriarches de la Nichiren Shoshu (4) ou moines des diverses écoles qui composent aujourd’hui la Nichiren Shu. D’abord calligraphiés manuellement au pinceau et à l’encre de Chine ou gravés en creux et dorés sur des panneaux de bois selon un modèle papier, la plupart des Gohonzons comportaient une dédicace à l’attention des personnes, temples, familles ou groupes divers auxquels ils étaient destinés. Au XXe siècle, avec l’expansion du bouddhisme de Nichiren, ceux de la Nichiren Shoshu ont été imprimés à partir d’un modèle composé par le Grand Patriarche de l’époque. Pour la Nichiren Shu, si des « originaux » peuvent être calligraphiés spécialement pour un adepte, le plus souvent, il y est distribué une copie imprimée du dernier Gohonzon devant lequel Nichiren pratiquait avant sa mort (Shutei Gohonzon). (5)
Vous trouverez ci-dessous un descriptif des Gohonzons inscrits par les 26e et 66e Grands Patriarches de la Nichiren Shoshu. Le premier a été pris pour modèle par la Sokagakkai après sa séparation d’avec la Nichiren Shoshu. Il comportait une dédicace en bas à gauche qui a été supprimée. Le deuxième est le dernier Gohonzon commun aux deux organisations, remis aux nouveaux membres jusque dans les années 80, quant au dernier, il est l’actuel mandala de la Nichiren Shoshu.

1 – Nam myoho renge kyo (voir article)

2 – Nichiren

3 – Zai gohan : Littéralement, zai signifie exister, go est un préfixe honorifique et, dans ce cas, désigne « Nichiren », han est un sceau personnel. Nichiren est dit avoir donné des instructions à ceux qui devront inscrire le Gohonzon pour placer le mot gohan sous son nom.

4 – Dai Bishamon-tenno (skt Vaishravana) : l’un des quatre Grands rois du ciel, qui apparaissent dans le Sûtra du Lotus et font vœu de protéger ceux qui embrassent le sutra. Bishamon vit à mi-chemin sur le côté nord du mont Sumer et protège le nord, accompagné par les deux classes de démons appelés yaksha et rakshasa. Bishamon est une translittération du sanskrit Vaishravana. Ce dieu protège le lieu où le Bouddha prêche et écoute ses enseignements. Il s’engage avec ces trois alter ego à protéger les adeptes dans le vingt-sixième chapitre du Sûtra du Lotus.

5 – « Ceux qui font des offrandes obtiendront une bonne fortune dépassant les dix titres honorables du Bouddha. » Ces dix titres honorables qui expriment la puissance, la sagesse, la vertu et la compassion d’un bouddha sont les suivants :

  • L’Ainsi-Venu (skt tathagata, jap. nyorai). Celui qui est venu du monde de la vérité. Un bouddha incarne la vérité fondamentale de tous les phénomènes et saisit la loi de causalité passée qui imprègne, présent et futur.
  • Digne d’offrandes (skt arhat, jap. ogu). Celui qui est qualifié pour recevoir des offrandes des êtres humains et célestes.
  • Parfaitement et complètement éveillé (skt samyak-sambuddha, jap. shohenchio. Celui qui comprend tous les phénomènes correctement et parfaitement.
  • Clarté et conduite parfaites (skt vidy-charana-sampanna, jap. myogyosoku). Celui qui comprend l’éternité du passé, du présent et de l’avenir, et qui accomplit parfaitement bien.
  • Bien parti (skt sugata, jap. zenzei). Celui qui est allé dans le monde de l’illumination.
  • Compréhension du monde (skt lokavid, jap. sekenge). Celui qui comprend toutes les affaires séculières et religieuses à travers sa compréhension de la loi de causalité.
  • Au mérite insurpassable (skt anuttara, jap. mujoji). Celui qui possède des qualités suprêmes parmi tous les êtres vivants.
  • Dirigeant du peuple (skt purusha-damya-sarathi, jap. jogojobu). Celui qui instruit et conduit tous les êtres à l’éveil.
  • Maître des dieux et humains (skt shasta-devamanusyanam, jap. tenninshi). Maître qui peut guider tous les êtres humains et célestes.
  • Bouddha, l’Honoré du monde (skt buddha-bhagavat, jap. butsu-seson). Celui qui est doté de la sagesse et de la vertu parfaites, qui peut gagner le respect de tous les peuples.

6 – Namu Anryugyo Bosatsu – le bodhisattva Pratiques-Solidement-Établies (skt Supratishthitacha­ritra) : l’un des quatre grand bodhisattvas qui dirigent les bodhisattvas de la Terre qui apparaissent dans le quinzième chapitre du Sûtra du Lotus. Selon Tao-sui (disciple de Zhanran l’un des successeurs de Zhiyi) dans Supplément aux mots et phrases du Sûtra du Lotus (Hokke Mongu Fusho Ki), les quatre bodhisattvas représentent les quatre vertus du Bouddha : vrai moi, l’éternité, la pureté et le bonheur. Le bodhisattva Pratiques-Solidement-Établies représente le bonheur, l’état inébranlable de la vie remplie de joie.

7 – Namu Jyogyo Bosatsu – le bodhisattva Pratiques-Pures (skt Vishuddhacharitra) : autre dirigeant des bodhisattvas de la Terre. Il représente la pureté ; l’état pur de la vie qui n’est jamais influencée par les circonstances.

8 – Namu Shakyamuni-butsu – le Bouddha Shakyamuni : le fondateur du bouddhisme, fils de Shuddhodana, roi des Shakyas, une petite tribu dont le royaume était situé à cheval entre le Népal et l’Inde. Shakya de Shakyamuni vient du nom de la tribu et muni signifie sage ou saint. Son nom de famille était Gautama et son prénom Siddhartha (objectif atteint), bien que certains chercheurs disent que c’est un titre donné par les bouddhistes plus tard en son honneur. Il a exposé divers sutras, dont le Sûtra du Lotus, son enseignement ultime, a fourni la base théorique pour le Gohonzon.

9 – Namu Taho Nyorai – l’Ainsi-Venu Maint-Trésors (Skt Prabhutaratna Tathagata) : un bouddha qui apparaît, assis à l’intérieur de la Tour aux Trésors, lors de la cérémonie dans l’air pour témoigner de la véracité des enseignements de Sakyamuni dans le Sûtra du Lotus. Selon le onzième chapitre de ce texte, le bouddha Maint-Trésors vivait dans le monde du Trésor de Pureté, dans une partie orientale de l’univers. Alors qu’il était encore engagé dans la pratique de bodhisattva, il a fait le serment que, même après être entré dans le nirvana, il apparaîtrait dans la tour au trésor pour témoigner de la validité du Sûtra du Lotus quel que soit le lieu où il serait enseigné. Dans le onzième chapitre, Shakyamuni rassemble tous les bouddhas de tout l’univers. Il ouvre ensuite la Tour Trésor et, à l’invitation du bouddha Maints-Trésors, s’assied avec lui.
Zhiyi interprète Maints-Trésors et Shakyamuni assis côte à côte dans la Tour Trésor comme la fusion de la réalité et de la sagesse (Jap. kyochi myogo), Maints-Trésors représentant la vérité objective ou réalité ultime et Shakyamuni la sagesse subjective qui permet de la comprendre. En outre, Maints-Trésors représente la propriété de la loi (jap. hosshin), Shakyamuni, la propriété de la sagesse (jap. hoshin), et les bouddhas de tout l’univers, la propriété de l’action (jap. ojin). Ils forment ensemble les Trois corps du bouddha (jap. sanjin, skt trikaya).
Nichiren utilise ces interprétations de Zhiyi ainsi que celle selon laquelle Shakyamuni et Taho représentent, respectivement, la vie et la mort, les deux phases de la réalité ultime de la vie.

10 – Namu Jogyo Bosatsu – le bodhisattva Pratiques-Supérieures (skt Vishishtacharitra) : autre dirigeant des bodhisattvas de la Terre qui représente la vertu de vrai soi. Nichiren interprète celui-ci comme figure provisoire ou éphémère du Bouddha du passé sans commencement.

11 – Namu Muhengyo Bosatsu – le bodhisattva Pratiques-Sans-Limites (skt Anantacharitra) : son nom signifie littéralement « pas de frontière » et représente l’éternité, l’une des quatre vertus de la vie du Bouddha.

12 – « Ceux qui persécutent et troublent [les pratiquants de la Loi] auront la tête brisée en sept morceaux. »  Une analogie pour le fait que les causes négatives contre le Dharma engendre des effets négatifs dans la vie.

13 – Dai Jikoku-tenno (skt Dhritarashtra) : autre grand roi du ciel, gardien de l’est. Il préside au printemps et dirige les gandharvas, musiciens célestes, et les pishacha, démons tourmenteurs. Dans le vingt-sixième chapitre du Sûtra du Lotus, il s’engage à protéger ceux qui embrassent le sutra.

14 – Aizen-myo-o (skt Ragaraja), divinité évoquée dans les bouddhismes tibétains et japonais d’influence tantrique. Son nom signifie Roi du désir, de la passion.  Selon le Sûtra du Pavillon du pic Vajra (skt Vajrasekhara Sûtra, jap Kongocho kyo), il représente l’excitation sexuelle et la passion amoureuse considérées par le bouddhisme ancien comme des souillures. Nichiren lui a consacré, ainsi qu’à Fudo-myo-oo, un court texte, Relation de la vison de Fudo et Aizen. Cette divinité représente pour lui le principe « les passions obscurcissantes (les trois poisons désir/attachement, colère et ignorance) mènent ou se transforment en Éveil (bonno soku bodai) ». Dans les enseignements ésotériques, il est considérée comme un avatar du bouddha Dainichi (Skt Mahavairochana) ou Kongosatta (Skt Vajrasattva). Son nom est calligraphié en Siddham, une script variante du sanskrit utilisée en Inde au Haut Moyen Âge.

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Les divinités Aizen et Fudo période Kamakura (1185-1333), respectivement au musée Nezu de Tokyo et au temple Daigo de Kyoto.

15 – Dai Myojo-tenno (skt Aruna) : le grand roi céleste des étoiles, il est le conducteur du char de Surya, le dieu du soleil de la mythologie indienne.

16 – Dai Gattenno (skt Chandra) : conducteur du char de la lune issu de la tradition védique, incorporé dans le bouddhisme comme l’un des douze dieux protecteurs, il est le père de Budha (planète Mercure).

17 – Taishaku-tenno (skt Shakra, aussi connu comme un avatar d’Indra) : l’un des principaux dieux tutélaires du bouddhisme. A l’origine le dieu du tonnerre dans la mythologie indienne, il est servi par les quatre grands rois su ciel et régit les trente-deux autres dieux célestes. Alors que Shakyamuni était engagé dans la pratique de bodhisattva, Indra a pris diverses formes pour tester sa détermination. Selon le premier chapitre du Sûtra du Lotus, il a rejoint le Pic des Aigles accompagné de 20.000 suivants.

18 – Dai Bontenno (skt Brahma) : il est décrit comme vivant dans le premier des quatre cieux de la méditation dans le monde de la forme au-dessus du mont Sumeru Parbat (Himalaya) et gouverne le monde Saha, le nôtre. Dans la mythologie indienne, il a été considéré comme la personnification du principe universel fondamental (brahman).

19 – Dai Rokuten no Mao – Roi-démon du sixième ciel – (skt Mara ou Papiyas, jap. Takeji Zaiten) : de nombreux démons apparaissent dans les écritures indiennes et bouddhistes, le plus redoutable est le Roi Démon du sixième ciel. Il demeure dans le plus élevé des six cieux du monde du désir et utilise le fruit des efforts des autres pour son propre plaisir. Il est considéré comme un symbole de la soif de pouvoir. Servi par d’innombrables sbires, il travaille à entraver la pratique bouddhiste et se plaît à saper la force de vie d’autres êtres. Il correspond au dernier des « trois obstacles et quatre démons ». Nichiren interprète ce démon comme la manifestation de l’obscurité fondamentale inhérente à la vie (avidya).

20 – Dai Nittenno (skt Surya) : la divinité du soleil, adoptée dans le bouddhisme comme un dieu protecteur. Selon l’hindouisme, il est le père du premier homme, Manu, et de Yama, dieu de la mort.. Le Hokke Mongu l’identifie au bodhisattva Kannon.

21 – Fudo-myo-o (skt Acala). Associé au feu et à la colère, il est dépeint comme un personnage furieux entouré de flammes, tenant une corde et une épée, destructeur des démons et des esprits maléfiques. Tout comme Aizen-myo-o, il est l’une des divinités principales d’un courant bouddhique tibétain-sino-japonais ésotérique qui a abouti au Shingon et influencé le Tiendai. Il représente le principe de shoji soku nehan : le cycle naissance/décès est le nirvana (shoji dans la temporalité, nehan dans la vacuité). Comme Aizen son nom est écrit en Siddam.

22 – Hachi Dai Ryo-o : les huit Rois des dragons, êtres mythiques qui vivent au fond de la mer et sous terre et commandent au temps et à la pluie. Chacun, avec de nombreux adeptes, participa à la cérémonie du Sûtra du Lotus. Ils sont décrits par Zhiyi dans ses commentaires du Sûtra du Lotus (voir article).

23 – Dengyô Daishi : aussi appelé Saicho, il est le fondateur de l’école du bouddhisme de Tiantai au Japon. Entré à 12 ans dans l’ordre bouddhiste, il a été ordonné au temple Todai-ji en 785. La même année, il s’est rendu au mont Hiei pour se consacrer à l’étude des écritures et des traités bouddhistes. En 804, il est allé étudier le bouddhisme en Chine, puis est retourné au Japon pour y créer l’école Tendai basée sur les enseignements du Sûtra du Lotus (voir article).

24 – Jurasetsunyo (skt rakshasis) : les dix filles du démon femelle Kishimojin (skt Hariti.). Ce sont Ramba, Vilamba, Kudadanti (Dents-Tordues), Pushpadanti (Dents-Fleuries), Makudadanti (Dents-Noires), Keshini (Chevelue), Achala (Insatiable), Maladhari (Porteuse-de-Collier), Kunti et Sarvasattvojohārī (Voleuse-de-L’esprit-Vital-des-Êtres-Vivants).
Dans le chapitre Dharani du Sûtra du Lotus, elles et leur mère promettent devant le Bouddha de protéger les pratiquants du Sûtra du Lotus.

25 – Kishimojin (skt Hariti ou Abhirati)  : Mère-des-démons. Selon le Sûtra Samyukta ratna pitaka et de nombreux autres textes, elle avait 500 enfants et volait les bébés des autres pour les manger. Appelé à l’aide par une population terrifiée, le Bouddha a eu l’idée de cacher Binkara, le plus jeune fils de Kishimojin. Celle-ci, désespérée après avoir cherché en vain son garçon dans le monde entier pendant sept jours, s’en est remise à Shakyamuni qui lui a fait prendre conscience de son mauvais comportement. Elle a fait le vœu de ne jamais plus tuer d’enfants et, de son rôle d’ogresse, elle est passée à celui de déesse protectrice des enfants et des accouchements sans complication, révérée dans tout l’Extrême-Orient.

26 – Tendai Daishi : il s’agit du grand maître Zhiyi, souvent appelé du nom de l’école bouddhique chinoise basée sur le Sûtra du Lotus, dont il est le troisième patriarche. On lui doit une classification des enseignements bouddhiques en cinq périodes et huit enseignements qui établit la suprématie du Sûtra du Lotus. Il a également exposé le concept de trois mille mondes en un instant de vie (ichinen sanzen) et de l’unification des trois vérités. Si le Sûtra du Lotus fournit la base théorique pour le Gohonzon, avec les personnages assemblés autour du Bouddha, ichinen sanzen de Tiantai peut être assimilé à son plan, ces personnages représentant notamment les dix états, soit la base des trois mille mondes (voir article).

27 – Dai Zojo-tenno (skt Virudhaka) : l’un des quatre grands rois du ciel qui vit au sud du mont Sumer et garde le midi. Maître des kumbhandas, démons des mers, et des pretas, les esprits affamés

28 – Hachiman Dai Bosatsu (grand bodhisattva Hachiman) : avec Tensho Daijin, elle est l’une des principales divinités de la mythologie japonaise adoptée par le bouddhisme (et donc sans son équivalent sur le continent asiatique). Sous le règne du vingt-neuvième empereur, Kimmei, Hachiman serait apparu en simple forgeron dans la partie sud du Japon pour déclarer que, dans une vie antérieure, il avait été l’empereur Ojin, quinzième empereur. Il était le protecteur de la dynastie impériale, ainsi que le gardien du clan Minamoto, et son aide a été recherchée en tant que dieu des forgerons quand la grande statue de Vairochana a été érigé au temple Todai de Nara. Par la suite, Hachiman a été de plus en plus étroitement associés au bouddhisme.
Dans ses écrits, Nichiren considère Hachiman comme une personnification de la fonction qui favorise la fertilité agricole d’un pays dont les habitants ont embrassé la loi bouddhique.

29 – « Je transcris respectueusement. » Inscription qui se réfère généralement au grand prêtre qui a transcrit le Gohonzon.

30 – Nichikan (1665-1726) : Vingt-sixième grand patriarche de la Nichiren Shoshu. Réformateur, avec Nichiu, le neuvième (voir article). Il a rédigé des exégèses sur les cinq principaux traités de Nichiren ainsi que les Écrits en six volumes (Rokkan sho), qui distinguent les interprétations correctes des enseignements de ceux trompeurs.

31 – Tensho-daijin. Aussi appelée Amaterasu, elle est la déesse du soleil dans la mythologie shintoiste, adoptée plus tard comme un dieu protecteur dans le bouddhisme. Les plus anciens textes sur l’histoire du Japon, le Kojiki (Compte rendu des choses anciennes) et le Nihon Shoki (Chroniques du Japon), la présentent comme l’ancêtre de la famille impériale. Dans plusieurs de ses écrits, Nichiren considère la déesse du soleil comme une fonction protectrice de la prospérité de ceux qui ont la foi en le Dharma.

32 – « Jamais dans les 2230 et quelques années depuis la disparition du Bouddha ce grand mandala n’était apparu dans le monde ».

33 – Dai Komoku-tenno (skt Virupaksa) : l’un des quatre rois célestes, gardien de l’ouest. Maître des dragons, il discerne le mal et punit ceux qui commettent des méfaits.

34 – 13 juin 1720, signe cyclique Kanoe-ne : Date du Gohonzon original transcrit par Nichikan Shonin. Le signe cyclique se réfère à l’un des soixante signes de calendrier, qui sont basées sur les douze signes animaux du zodiaque chinois et les dix éléments de la nature selon les anciennes traditions chinoises. Kanoe-ne signifie « Année du Yang (élément) Métal et le Rat » la trente-septième année du cycle du calendrier de soixante ans.

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Le précédent Gohonzon de la Soka Gakkai, commun avec celui de la Nichiren Shoshu, inscrit par son 66e Grand Patriarche, Nittatsu Shonin. Les Gohonzons composés par les grands patriarches, comme d’ailleurs par Nichiren lui-même, n’ont pas toujours la même composition, comme nous le constatons dans cet article.

35 – Mokuren Sonja (skt Maudgalyayana) L’un des deux principaux disciples, avec son ami d’enfance Shariputra, il représente les bouddhas-pour-soi (skt. pratyekabuddhas) ou encore, parmi les dix états de la vie, l’état d’éveil personnel. Il comprend le véritable sens du Sûtra du Lotus dans le IIIe chapitre.

36 – Fugen (skt Samantabhadra). Le bodhisattva Sagesse-Universelle, personnage central du XXVIIIe chapitre du Sûtra du Lotus, dans lequel il promet de protéger les pratiquants à l’époque de la Fin de la Loi (jap. Mappo). Il est le symbole de la vérité et de la pratique.

37 – Monjushiri (skt Manjushri). Bodhisattva Douce-Gloire, parfois décrit comme un compagnon de Shakyamuni, parfois comme enseignant le Dharma à tous les bodhisattvas et même à un bouddha. Il est présent dans de nombreux sûtras dont celui du Lotus ou de la liberté inconcevable (Vimalakirti). Il n’a pas d’existence historique avérée, pourtant on lui prête des voyages à travers l’Inde, le Tibet et jusqu’en Chine, ainsi que de multiples réincarnations dans le bouddhisme lamaïque. Par ailleurs, il est parfois représenté de manière quasi-divine, avec trois visages, quatre ou six bras. Il est le modèle du bodhisattva accompli et le symbole de la perfection de la sagesse.

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Le stupa de Shariputra, à Nalanda, antique université bouddhique, au nord de l’Inde. C’est là, dans la région où il est né, qu’a été érigé ce monument qui contient les reliques de celui qui fut le plus proche disciple du Bouddha. CC BY-SA 2.

38 – Sharihotsu Sonja (skt Shariputra) Un des dix disciples majeurs de Shakyamuni, estimé par celui-ci comme le premier. Dans le chapitre des Moyens Opportuns du Sûtra du Lotus, il comprend le véritable aspect de tous les phénomènes (jap. shoho jissho). Il est le représentant des auditeurs (skt. shravakas) et de l’état d’étude.

39 – Ajase-o (skt Ajatashatru) Roi du Magadha, sous l’influence de Devadatta, il a tué son père Bimbishara, protecteur des bouddhistes, et attenté à la vie de Shakyamuni. Pris de remords, atteint d’une maladie grave, il est allé trouver Shakyamuni qui lui a enseigné la Loi. Il a participé à l’organisation du premier concile bouddhique .

40 – Daiba-Datta
(skt Devadatta) Cousin et disciple de Shakyamuni, sa jalousie envers lui l’a conduit à comploter en provoquant un schisme dans la communauté bouddhique et à tenter de l’assassiner avec la complicité du roi Ajase. Dans le Sûtra du Lotus, Shakyamuni annonce qu’il atteindra l’illumination dans le futur en tant que roi, prédiction que Nichiren utilise pour illustrer le principe que même les personnes mauvaises possèdent le potentiel pour atteindre l’illumination.

41 – Tenrin jyo-o
(skt Chakravarti-raja). Roi-qui-tourne-la-roue, figure idéale du dirigeant politique dans la mythologie indienne. Il est celui qui avance avec la volonté d’établir la paix et de gouverner avec justice, plutôt que par la force.

42 – Ashura-o (skt. Asura-raja). Roi des ashuras, démons de la mythologie indienne, intelligents, mais belliqueux. Jaloux des dieux, ils se battent continuellement contre eux et sont vaincus à chaque fois. Ils représentent l’état de colère.

43 – Pour le présent et le futur

44 – La date

45 – Signature de Nittatsu Shonin précédée de « copier avec grand respect »

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Le Shutei Gohonzon de la Nichiren Shu. Un certain nombre de personnages et annotations, présents sur les deux premiers mandalas, n’y figurent pas, en revanche d’autres apparaissent, voir ci-dessous. Précisons que pour celui-ci, les bouddhas, disciples, bodhisattvas et grands maîtres historiques sont tous précédés de la mention « Namu », et donc pas les divinités, démons ou personnages maléfiques.

46 – Naga-raja. Le roi des dragons qui remplace ici les huit Rois des dragons.

47 – Namu Dai Kasho sonja. Mahakasyapa, l’un des dix grands disciples de Shakyamuni et son successeur à la direction de la sangha.

48 – Namu Miroku bosatsu. En sanskrit, Maitreya, bodhisattva présent en autres dans le Sûtra du Lotus.

49 – Namu Yaku-o bosatsu. Le bodhisattva Roi-de-la-médecine auquel est consacré le Sûtra Yakuo ainsi que le chapitre XIII du Sûtra du Lotus (voir article).

50 – Namu Myoraku Daishi. C’est l’un des noms japonais, avec Miaole ou Mia-lo, de Zharan, neuvième patriarche de l’école bouddhique chinoise Tiantai (voir article). Nichiren se réfère souvent à ses analyses des textes de Zhiyi.

51 –Namu Ryuju bosatsu. Il s’agit de Nagarjuna, grand maître du Mahayana qui a vécu en Inde au premier ou second siècle de notre ère (voir article).

52 –Le 3e mois de la 2e année de Koan, Kanoe-tatsu (1280)

Autres particularités du Shutei Gohonzon : le 17 n’est plus Taishaku-tenno mais un autre nom d’Indra, Shakudai jannin dai-o, et la mention 32 est libellée ainsi : « Ce grand mandala a été révélé pour la première fois dans le Jambudvipa plus de 2200 ans après l’extinction du Bouddha »

Notes :
1 – Par commodité, nous reprenons le terme sanskrit « mandala » bien que celui-ci signifie cercle et qu’il désigne un certain nombre d’objets géométriques, parfois abstraits, parfois représentatifs, peints, en relief et même en sable coloré pour des créations éphémères. Mais les fonctions du Gohonzon et du mandala sont proches.
2 – Ce que l’on peut définir également par le mot Dharma (qui signifie à la fois Loi et Enseignement) et que l’on retrouve dans le titre sanskrit du
Sûtra du Lotus, Saddharma pundarika sutram. Cette loi régit le fonctionnement de tout l’univers et couvrant les domaines du vivant et non-vivant, sensible et non-sensible, de l’apparent et de la vacuité, à travers vie et mort. La traduction de Dharma en japonais est Ho que l’on retrouve dans Myoho renge kyo.
3 – Il est à noter que certaines écoles Nichiren proposent, comme objets de vénération, des statues, des stupas, des feuilles ou des plaquettes de bois portant la seule inscription de Nam Myoho Renge Kyo (jap. Ippen Shudai, voir article sur ce sujet) ou un mélange de calligraphie et de dessins de personnages bouddhiques
4 – Le nom de Nichiren Shoshu ne fut adopté par l’école Nichiren héritière de Nikko Shonin, l’un des six proches disciples du fondateur, qu’en 1912 après avoir porté divers noms.
5 –
Deux écoles de Nichiren se disputent l’honneur de posséder un Gohonzon dédié par Nichiren à toute l’humanité. Il s’agit du Dai-Gohonzon de 1282 conservé par la Nichiren Shoshu au Taiseki-ji, dont l’authenticité est mise en cause à la fois par la Soka Gakkai et la Nichiren Shu. Le second est appelé Dai-Honzon « Mannen kugo » de 1274, il se trouve au Kuon-ji, temple principal de la Nichiren Shu. Nous laisserons ces querelles aux experts. Remarquons, seulement, que ce n’est que ces dernières années que la Soka Gakkai a rejeté toute spécificité au Dai Gohonzon alors qu’elle lui avait consacré un vaste temple en 1972, le Sho Hondo, démoli depuis par la Nichiren Shoshu.

Pour en savoir plus sur les personnages ci-dessus voir le dictionnaire des termes bouddhiques sur Nichiren-études

4 réflexions sur “La composition du Gohonzon

    1. Bonjour,
      Ma question
      Quel Gohonzon avons nous?
      Car votre article parle de plusieurs Gohonzon, mais lequel avons aujourd’hui ?
      Cordialement
      Isabelle P

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      1. Bonjour. Pour le savoir, il faut comparer les cases de nos croquis avec les mots inscrits sur les Gohonzon. Leur disposition et leur nombre. Vous pouvez aussi trouver des photos de Gohonzons sur internet et les comparer au vôtre, si vous en possédez un. Nous ne pouvons pas vous proposer de telles photos. Nous n’adhérons pas à l’association Nichiren Shu qui tolère cette forme de reproduction.
        Comme il est dit dans l’article, la Soka Gakkai a le même Gohonzon depuis sa séparation d’avec les moines dans les années 80, elle accepte ceux qui sont antérieurs à cette date, (ceux du 66 e Grands Patriarches ainsi que les précédents), pas pas ceux inscrits par les 67e Grands Patriarches et suivants.
        En résumé si vous pratiquez depuis moins de 40 ans, vous avez le premier schématisé sur l’article.
        Amicales salutations ,

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