Gongyo et la récitation des sûtras

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Sûtra du Lotus de l’époque Heian (Jap. XVe) sur rouleau. Ici, le IIe Chapitre « Moyens opportuns ». Musée national de Tokyo.

Le bouddhisme se pratique de multiples manières : récitation de sûtras, mantras ou dharanis (1), méditation, exercices physiques, chants, cérémonies d’offrandes ou d’adoration, prière, ainsi que l’usage de moulins, drapeaux et arbres à prières tibétains, etc. Cette diversité est due à l’influence des coutumes et cultes indigènes des pays dans lesquels il est né ou s’est implanté, aux apports de ses grands réformateurs, mais surtout au fait que son fondateur lui-même n’a pas souhaité enfermer son enseignement dans un rituel formaliste (2). Certaines de ces pratiques sont exceptionnelles, codifiées, liturgiques et pittoresques, voire touristiques, d’autres, courantes, régulières, font partie du quotidien d’un bouddhiste. On peut classer dans ces dernières la puja d’Inde ou du Népal, bien que ce terme soit aussi d’usage pour d’autres religions, et le gongyo (3) japonais.

Toutes les écoles du bouddhisme de Nichiren ont pour point commun un gongyo composé de la récitation de Nam myoho renge kyo et des passages des chapitres Moyens opportuns et Durée de la vie du Sûtra du Lotus. Cependant, elles se distinguent les unes des autres par des adjonctions à cette base (4). Ce choix commun du daimoku et des deux chapitres s’est fondé sur les recommandations de Nichiren dans ses écrits (5). Il les désigne comme la pratique appropriée à la période des derniers jours du Dharma (6), par exemple dans la Réponse au moine séculier Soya – EdN 58 : « J’ai recopié pour vous la partie en prose du chapitre Moyens opportuns. Vous devriez la réciter avec la partie en vers du chapitre Durée de la vie que je vous ai fait parvenir précédemment. » ou encore la Récitation des chapitres Moyens opportuns et Durée de la vie de l’Ainsi-Venu – EdN 9 : « Comme je l’ai déjà dit, bien qu’aucun des vingt-huit chapitres du Sûtra du Lotus ne soit à négliger, les chapitres Moyens opportuns et Durée de la vie sont particulièrement marquants. Les autres sont tous, en un sens, les branches et les feuilles de ces deux chapitres-là. Par conséquent, pour votre pratique régulière, je vous recommande de lire les parties en prose de Moyens opportuns et Durée de la vie. De plus, vous auriez intérêt à en copier deux exemplaires distincts. Les vingt-six chapitres restants sont comme l’ombre qui suit le corps ou comme la valeur intrinsèque d’un joyau. Si vous récitez ces deux chapitres, les autres seront tout naturellement inclus même si vous ne les récitez pas… Quant aux autres, vous pouvez de temps en temps vous tourner vers eux lorsque vous avez un moment de libre… »
Nous avons donc une explication sur l’importance capitale des deux chapitres : ils résument à eux seuls le Sûtra tout entier, qui lui-même contient tout l’enseignement du Bouddha. Nichiren y ajoute un autre aspect dans L’objet de vénération pour observer l’esprit – EdN 39 : « Il est dit dans le chapitre Moyens opportuns du premier volume du Sûtra du Lotus : « [Les bouddhas (…)] souhaitent ouvrir la porte de la sagesse du Bouddha à tous les êtres vivants ». Il est question, ici, de l’état de bouddha à l’intérieur des neuf états. On lit dans le chapitre Durée de la vie : « Ainsi, depuis que j’ai atteint la bouddhéité, un laps de temps extrêmement long s’est écoulé. La durée de ma vie est d’un nombre incommensurable d’asamkhya de kalpa, et, pendant tout ce temps, je suis resté ici sans jamais entrer dans l’extinction. Hommes de bien, dès l’origine, j’ai pratiqué la voie des bodhisattvas et la longévité que j’ai alors acquise n’est pas encore arrivée à son terme, mais durera deux fois le nombre d’années déjà écoulées. » Ce passage du Sûtra évoque les neuf états inclus dans la bouddhéité. » (7)

Il n’existe donc aucune différence fondamentale entre le Bouddha et l’homme ordinaire dans ces deux parties du Sûtra, ce qui n’est pas le cas dans le reste des enseignements de Shakyamuni.

L’histoire de gongyo de l’école du Taiseki-ji

Selon certaines sources, à l’époque de Nichiren, la lecture du chapitre Moyens opportuns ne s’arrêtait pas sur la triple récitation des dix modalités (comme de nos jours pour la Soka Gakkai et la Nichiren Shoshu), il incluait la section versifiée plus longue qui suivait. Nous avons une indication autre, qui concerne toutefois un disciple de Nichiren et non lui-même, dans Les quatorze oppositions à la Loi – EdN 92 : « Dans votre lettre, vous écrivez : « Depuis que j’ai adopté la foi dans ce sûtra, sans la moindre négligence, je n’ai cessé de réciter les dix facteurs de la vie et la partie en vers du chapitre Durée de la vie« . La fréquence de gongyo n’était pas non plus précisée. Nichiren parle de récitation du daimoku matin et soir, ou encore matin, après-midi et soir. Dans La transmission des enseignements oraux (explication sur le chapitre X Le Maître de la loi), il cite ce commentaire : « Matin après matin, nous nous levons avec le Bouddha, soir après soir, nous nous couchons avec le Bouddha. Moment après moment, nous atteignons la voie, à chaque instant nous révélons notre véritable identité ». Mais nous n’avons rien de plus précis. Et nous ne savons pas combien de fois il faisait lui-même gongyo par jour ni à quels moments.
Nous trouvons dans le document de transmission de Nikko à Nichimoku, son successeur (8), un document datant d’après sa mort et dont l’authenticité n’est pas unanimement reconnue : « Nichimoku aura la responsabilité d’administrer et de maintenir le Taiseki-ji (9) et les sites sur son terrain, tels que le Hondo (temple principal) et la tombe de notre maître, et il devra exécuter gongyo à ces endroits-là dans l’attente de kosen rufu. »
Pour avoir plus de détails, il faut attendre le XVe siècle, l’époque du 9e patriarche, Nichiu. Les archives des moines indiquent que la pratique consistait alors à accomplir gongyo en se déplaçant d’un bâtiment à un autre sur le terrain du Taiseki-ji pour différents hommages : à Nichiren, Nikko et Nichimoku, aux divinités bouddhiques, au Gohonzon, aux défunts, etc. Dans un recueil des paroles et des actes de Nichiu, on trouve une référence à un gongyo trois fois par jour. Dans le même texte, on peut voir le contenu de ce qui est considéré comme le gongyo du matin, peut-être le Ushitora gongyo, cérémonie consacrée à la paix mondiale, effectuée, entre 2 et 4 heures du matin. Selon le 66e patriarche de la Nichiren Shoshu, Nittatsu, mort en 1979, la pratique consistant à faire le tour des temples du Taiseki-ji pour accomplir gongyo s’est interrompue au XVIIe siècle et a été remplacée par cinq récitations du Sûtra du Lotus dans le Hall de Réception (Kyakuden).
Mais, cette règle était encore destinée aux moines dans l’enceinte du Taiseki-ji. Nous n’avons enfin une indication sur la pratique des laïcs qu’au XVIIIe siècle, avec Nichikan, 26e patriarche, quoiqu’elle ne concerne que des groupes proches du temple : la récitation des deux chapitres du Sûtra cinq fois la matin et trois fois le soir. Mais c’est cette formule qui,  après la Seconde Guerre mondiale, sera étendue à tous les membres de la Nichiren Shoshu et la Soka Gakkai, suite à une décision prise conjointement par le grand patriarche de la première et le deuxième président de la seconde, Josei Toda, et ce, jusqu’à la séparation des deux organisations (10).

Sur la forme

Venons-en maintenant à la forme particulière du gongyo « Sûtra + daimoku ». Pour les disciples de Nichiren, ce sont les deux parties du Sûtra du Lotus et, conjointement, celle d’un mantra – en l’occurrence son titre précédé d’une formule respectueuse, sujet que nous avons abordé dans l’article sur Nam myoho renge kyo de ce blog. Ces deux types de pratiques ne sont pas propres au bouddhisme de Nichiren ; elles existaient du temps de Shakyamuni et, avant lui, dans des traditions védiques ou yogiques qui se perdent dans la nuit des temps (11). En ce qui concerne la première, l’apprentissage par cœur et la récitation étaient, pour les adeptes d’une religion, d’une science ou d’une philosophie nées dans une culture méconnaissant l’usage de l’écriture, la seule méthode qui permettait à ceux-ci de retenir, comprendre et transmettre aux générations suivantes un enseignement, une découverte ou une expérience. Toutefois, elles se sont maintenues malgré la transcription des sûtras, règles et commentaires, jusqu’à nos jours. L’aspect utilitaire de l’apprentissage et la récitation n’est donc pas un argument important.
Mais quels bienfaits pouvons-nous obtenir à réciter tout ou partie d’un sûtra, en dehors du fait que, finissant par le connaître par cœur, nous avons tout le loisir d’y réfléchir, de chercher à le comprendre en profondeur, à nous en imprégner ? Pour le seul Sûtra du Lotus, nous en trouvons une réponse dans son chapitre XVII, Distinctions et bienfaits : réciter le Sûtra équivaut à faire revivre le Bouddha à travers ses sermons, à faire partie nous-mêmes, par delà le temps et l’espace aux assemblées qui sont venues l’écouter (12). Ce qui nous ramène au Gohonzon, la représentation graphique de la cérémonie du Sûtra du Lotus.
Une autre question peut nous venir à l’esprit : la parole du Bouddha peut-elle être juste et nous décrire des prodiges, des scènes surnaturelles et nombre d’anachronismes, le tout avec de multiples répétitions et des louanges qui n’en finissent pas (13) ? Oui, parce que Shakyamuni n’a pas cherché à créer un système de pensée, une science objective, mais une méthode d’éveil à la réalité ultime du monde. Il a donc laissé à la postérité une méthode que ses « successeurs » au fil des siècles se sont efforcés de propager en l’adaptant.

L’importance de la foi

Il ne suffit pourtant pas de lire à voix haute le Sûtra du Lotus (ni réciter le daimoku) pour pratiquer le bouddhisme. Nichiren écrit dans Le daimoku du Sûtra du Lotus – EdN 14 : « Accepter, garder, lire, réciter, se réjouir et protéger dans leur totalité les huit volumes et les vingt-huit chapitres correspond à ce que l’on appelle la pratique complète. Accepter, garder et protéger les chapitres Moyens opportuns et Durée de la vie est ce que l’on appelle la pratique abrégée. Et ne réciter qu’une strophe en quatre vers ou le daimoku (14), en protégeant ceux qui font de même, est ce que l’on appelle la pratique essentielle. »
Gongyo représente donc l’association de la pratique abrégée et de la pratique essentielle du bouddhisme de Nichiren. Dans cette logique, nous pourrions ajouter que lire l’intégralité du Sûtra du Lotus à voix haute ne constituerait pas seulement un acte d’étude, mais la pratique complète telle que l’a exposée Nichiren…
Accepter, garder, lire, réciter, se réjouir et protéger est une liste de pratiques qui en rappelle d’autres (15). En particulier celle qui est exposée dans le Sûtra du Lotus, chapitre XI, pour souligner la difficulté de propager et pratiquer ce Sûtra à l’époque des derniers jours du Dharma, les six actes difficiles et neuf actes faciles (jap. rokunan kui). Les six premiers sont :
– propager largement le Sûtra du Lotus
– le copier ou le faire copier
– le réciter ne serait-ce qu’un court instant
– l’enseigner ne serait-ce qu’à une seule personne
– l’écouter, l’accepter et s’enquérir de sa signification
– garder la foi en le Sûtra.
Tandis que parmi les actes faciles nous trouvons des «exploits impossibles» comme : poser la Terre sur son ongle et monter avec jusqu’au ciel de Brahma, prendre le mont Sumeru et le lancer à travers une multitude de terres de Bouddha, enseigner d’innombrables sûtras autres que le Sûtra du Lotus, etc.
Les actions difficiles font référence à la propagation du Sûtra, sa pérennisation par la copie, sa récitation, son acceptation et son écoute, mais également son étude en même temps que son enseignement, ainsi que la préservation de sa foi en lui. Nous le constatons, le Bouddha lui-même insiste sur le fait qu’étude et croyance sont indispensables à la pratique, elles font partie intégrante de la pratique. Par conséquent, faire gongyo sans savoir ce que l’on récite, sans « s’enquérir de sa signification » n’est pas la pratique complète. Ne pas chercher à en acquérir une compréhension profonde non plus, si nous nous référons à cette citation de Nichiren dans Sur les quatre étapes de la foi et les cinq étapes de la pratique – EdN 94 : « Zhanran écrivit qu’éprouver, ne serait-ce qu’un instant, la foi et la compréhension est le début de la pratique de l’enseignement essentiel ».

Notes :

1 – Le dharani, d’origine indienne, semble être à l’origine un procédé mnémotechnique pour retenir l’essentiel d’un enseignement, ce qui était capital pour la perpétuation des doctrines religieuses dans une culture orale. Elle a pris par la suite une orientation magique, surnaturelle, tout comme, dans certains cas, le mantra. De fait, la différence entre les deux formules est minime et arbitraire : on peut estimer que le mantra se distingue par sa concision et que le dharani est plutôt associée à un certain cérémonial.
2 – Les règles que le Bouddha a pu fixer de son vivant à ses disciples concernaient moins la pratique proprement dite, que la vie sociale à l’intérieur de la sangha où en relation avec l’extérieur. Il incluait même l’attachement aux rites et rituels aux dix entraves (skt samyojana) qui retiennent les êtres vivants dans le cycle du samsara. Par la suite, un formalisme s’est sans doute révélé nécessaire ou s’est imposé de lui-même pour pérenniser l’esprit du bouddhisme à travers les époques et les pays.
3 – Gongyo est un nom d’origine chinoise emprunté au taoïsme qui a pour sens « pratique assidue ». C’est un terme japonais commun qui n’est spécifique à aucune école bouddhique.
4 – Jusqu’à leur scission à la fin du siècle dernier, la Nichiren Shoshu et la Soka Gakkai avaient un même gongyo qui comprenait plusieurs lectures de IIe et XVIe chapitres du Sûtra du Lotus suivies de prières silencieuses – cinq le matin et trois le soir – et la récitation du daimoku. La seconde a opéré une simplification drastique en adoptant un gongyo identique pour le matin et le soir, composé d’une unique lecture du IIe chapitre et de la seule partie en prose du XVIe, de la récitation du daimoku et conclu par trois prières silencieuses. La Nichiren Shu et les autres écoles proposent différents types de gongyo, pouvant inclure la lecture et la récitation d’autres chapitres du Sûtra du Lotus, l’intégralité du XVI, des extraits des Écrits de Nichiren et elles peuvent les accompagner de pratiques telles la méditation, la calligraphie du daimoku, une étude approfondie de la doctrine, etc. Certaines, parmi les plus récentes, prônent la récitation de passages d’autres sûtras du Mahayana, ! À cela, il faut ajouter une liturgie plus spécifiquement monastique qui se pratique généralement dans les temples, tel que présentation des reliques, mariages, cérémonies pour les défunts, commémorations, etc.
Ces différences sont dues en grande partie au fait que Nichiren, tout comme Shakyamuni, n’a pas fixé de règles détaillées dans ce domaine et que ses successeurs dans les différentes écoles qui se sont créées après sa mort ont divergé à la fois sur quelques points de doctrine et les modalités de la pratique.  Cette pluralité, dans les deux cas, est révélatrice de l’esprit et du but du bouddhisme. L’Éveil ne s’impose pas de l’extérieur, il se suscite par les formes ou les moyens (hoben) appropriés.
5 –  Le terme de recommandation est bien celui qui convient pour les lettres qu’il adresse à ses disciples, alors que, par ailleurs, il se montre intransigeant envers tous les adversaires du Sûtra du Lotus, moines ou gouvernants.
6 – Jap. mappo, skt saddharma vipralopa. Dans un certain nombre de sûtras, dont le Sûtra du Lotus et surtout le Sûtra de la Grande Assemblée, Shakyamuni explique que son enseignement connaîtra cinq périodes de cinq cents ans (l’ère de l’Éveil, l’ère de la méditation, l’ère de la lecture, la récitation et l’écoute, l’ère de la construction des temples et l’ère des conflits) au cours desquelles il se répandra, prospérera, se formalisera, puis perdra son pouvoir de mener les êtres humains à l’Éveil. La cinquième la période, celle des derniers jours du Dharma (mappo), sera aussi celle de l’établissement des enseignements basés sur le Sûtra du Lotus définitif (Myoho renge kyo).
Nichiren dit à ce sujet dans Encouragements à un malade – EdN 10 « Notre époque coïncide avec le début de l’époque de la fin du Dharma. Ceux qui avaient la capacité d’atteindre l’illumination, soit par les sûtras du Hinayana, soit par les sûtras provisoires du Mahayana, ont tous disparu. Demeurent uniquement ceux dont la capacité ne s’accorde qu’avec le sûtra véritable du Mahayana. »
Zhiyi déclare dans les Mots et les expressions du Sutra du Lotus : « Dans la dernière période de cinq cents ans, la voie mystique se propagera et bénéficiera à l’humanité loin dans l’avenir ».
7 – Nichiren revient sur le sujet dans L’importance des chapitres Moyens opportuns et Durée de la vie – WND 291 : « Le chapitre Moyens opportuns constitue le cœur de l’enseignement théorique. Dans ce chapitre, le Bouddha expose la doctrine des dix modalités de la vie et le véritable aspect de tous les phénomènes. Il montre clairement comment les êtres vivants dans les dix états peuvent atteindre bouddhéité… dans le chapitre Durée de la vie, Shakyamuni, le seigneur des enseignements, révèle la doctrine de trois mille mondes en un seul instant de la vie qu’il est parvenu à comprendre et qui est semblable à l’illumination intérieure de tous les bouddhas des trois existences.
Cette doctrine représente donc non seulement l’illumination personnelle atteint par un seul Bouddha, Shakyamuni, mais encore l’éveil de tous les autres bouddhas. Nous les êtres, qui depuis des temps immémoriaux avons pataugé dans les vagues du cycle des six voies de la naissance et la mort, rencontrons aujourd’hui le Sûtra du Lotus enseigné par le Bouddha Shakyamuni, maître de la doctrine, parce que dans une existence passée, nous avons écouté l’enseignement des trois mille mondes en un seul instant de vie que l’ on trouve dans ce chapitre Durée de la vie, la doctrine du Bouddha réalisée quand celui-ci a atteint l’ illumination originelle dans le passé infiniment lointain. »
8 – Nikko est le successeur de Nichiren dans la lignée de l’école Nichiren devenue en 1912 la Nichiren Shoshu.
9 – Le monastère principal de l’école Nichiren dont sont issues la Nichiren Shoshu et la Soka Gakkai, établi en 1290 par Nikko sur les pentes du mont Fuji.
10 – Pour plus de détails historiques voir l’article sur le site nichiren-etudes.net ou encore pour les anglophones sokaspirit.org.
En ce qui concerne les autres écoles Nichiren, notamment les cinq qui forment la Nichiren Shu, les documents sur leur gongyo sont trop rares et trop peu accessibles pour en extraire un historique cohérent.
11 – Le mot sanskrit sûtra (ou sutta en pali) qui signifie « fil » (fil de la pensée) désigne aussi bien un texte, un livre, qu’un enseignement oral, bouddhique ou non, religion ou profane. Pour le Sûtra du Lotus, il peut s’appliquer à son enseignement, le livre lui-même ou encore la cérémonie qui y est décrite.
12 – Shakyamuni déclare dans ce chapitre : « Ajita, si hommes et femmes de bien, en m’entendant décrire la grande étendue de la durée de vie, y accordent foi du fond du cœur et comprennent, il leur sera alors donné de voir le Bouddha résider constamment sur le mont Gridhrakuta, prêchant le Dharma entouré des grands bodhisattvas et d’une multitude d’auditeurs. » En m’entendant, peut être interprétée ainsi : réciter les paroles du Bouddha revient à le faire parler lui-même et donc à l’écouter, d’où l’importance d’une lecture à voix haute et non intérieure.
13 – La mémoire humaine ayant ses limites, même celle des grands disciples du Bouddha, il lui fallait le recours à de méthodes mnémotechniques telles les répétitions, la mise en vers ou l’établissement de listes (quatre vérités, octuple sentier, six paramitas, etc.) pour retenir des enseignements aussi conséquents que les sûtras. Pourtant, de l’avis des spécialistes du bouddhisme et compte tenu de l’existence de plusieurs versions d’un même sûtra – ce qui est le cas pour le Sûtra du Lotus –, dans des langues parfois différentes, les enseignements qui ont traversé le temps jusqu’à nous ont subi de profondes transformations. Pourquoi ces apparentes altérations ? Pendant plusieurs siècles, ces enseignements se sont transmis oralement selon des filières géographiques différentes. Ils ont été traduits de la langue de Shakyamuni en pali, en sanskrit, en thibétain, en chinois. Les variations étaient inévitables, d’autant que, par admiration ou un souci pédagogique, les moines des différentes écoles différentes qui les prêchaient et les recopiaient ont pu faire preuve d’exagérations dans les mises en scènes, de syncrétisme, d’extrapolation, d’assimilation de traditions locales ou d’adaptation aux progrès techniques de l’humanité. Ce qui a donné lieu, dans ce dernier cas, à des anachronismes. Shakyamuni n’a pas pu recommander de lire des sûtras qui n’étaient pas encore rédigés ! Mais à partir du moment où ce fut le cas, cela tombait sous le sens pour les copistes ou traducteurs de le rajouter.
14 – Il faut garder à l’esprit que le daimoku est d’abord le titre du Sûtra du Lotus.
15 – Pour les citer :
• Les six pratiques mentionnées dans le Traité de la grande perfection de sagesse : accepter, garder, lire, réciter, enseigner et transcrire.
• Les dix pratiques : transcrire, faire des offrandes, répandre et transmettre, écouter, lire, garder à l’esprit, enseigner
• Les cinq pratiques merveilleuses : adhérer au Sûtra du Lotus, le lire, le réciter, l’enseigner et le transcrire
• Autres cinq pratiques merveilleuses : se réjouir d’entendre ce Sûtra, le lire et le réciter, le propager, y croire et pratiquer les six paramitas, atteindre la perfection des six paramitas.

 

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